C’est autour d’un petit déjeuner copieux que les équipes se retrouvent en ce lundi matin. Le week-end s’est voulu calme, presque reposant compte tenue de leur situation. Privés de leurs salles communes et confort habituel ils ont néanmoins trouvé un bonus de choix en leur tente moldue gagnée aux toutes premières minutes du tournoi. Certes le matelas sur lequel elle a pris l’habitude de dormir n’est ni très confortable ni pratique – dû à un trou forçant à le renflouer à peu près toutes les demi-heure – mais ça a au moins l’avantage de les mettre ses compagnons et elle un minimum à l’abri du froid de janvier. Elle sait pour avoir capté certaines discussions autour de la grande table que tous n’ont pas eu cette chance ; élixirs, repas à la grande salle… Poule. De toutes les récompenses aussi diverses que farfelues, ils ont obtenu quelque chose de tangible qui pourrait leur durer jusqu’à la toute fin du tournoi. Contrairement à la plupart de ses camarades l’aiglonne n’avale rien, préférant céder sa part aux plus demandeurs et se satisfaisant de la simple tasse de chocolat chaud qui réchauffe ses mains. Pendant un court instant elle balaie l’endroit des yeux et cherche des visages appréciés dans la foule avant de revenir aux membres de son équipe installés à ses côtés ( @Caelius Rosenberg & @Estrella Reed ) . Son regard s’accroche plus particulièrement à @Isaac M. White dont la pâleur est toujours aussi inquiétante et l’état déplorable. Pourquoi était-il le seul de leur quatuor à être tombé malade alors qu’ils avaient fréquentés les mêmes endroits Briséis n’en savait rien mais le fait était qu’elle ne voulait pas prendre le risque de le voir s’effondrer pour être conduit à l’infirmerie. « Prends ça, ça devrait faire chuter ta température et te donner un regain d’énergie. » Dit-elle en lui tendant une tasse de chocolat qu’elle a parsemée de quelques gouttes de philtre revigorant concocté la veille avec le matériel de la tente infirmerie. Le déjeuner s’achève et presque aussitôt une lumière blanche suffisamment intense pour lui faire plisser des yeux apparaît avant de s’atténuer. « J’espère que vous êtes repus. » Lance l’aiglonne en se levant du banc sur lequel elle était alors installée pour suivre l’orbe lumineux les menant à plusieurs dizaines de mètres dans le parc. La deuxième épreuve s’apprête probablement à commencer. Face à leur quatuor apparaît soudainement ce qui semble être une bulle de savon géante et bien plus résistante dans laquelle une porte à leur couleur les invite à entrer. Ni une ni deux, baguette néanmoins dégainée, Briséis y entre puis découvre avec surprise un endroit parfaitement aménagé. « S’il s’agit vraiment de la seconde épreuve je ne suis pas sûre de la saisir. » Les sourcils froncés elle inspecte minutieusement les objets mis à leur disposition, en vain : rien ne semble piégé ou cacher quoi que ce soit. La porte se referme et un nouvel orbe de lumière apparaît passant par les quatre couleurs des maisons de Poudlard avant de s’arrêter sur le rouge. Presque par automatisme sa main vient se poser sur le bras de Caelius se tenant debout à ses côtés. « Pourquoi rouge ? Pourquoi une couleur ? Jusqu’ici nous avons du travailler ensemble, ça n’a pas de sens. »

J’avais littéralement la tête dans l’cul. Ce foutu rhume passait pas et j’avais encore l’impression d’avoir été piétiné par un sombral. Mes nuits étaient inexistante à tel point que j’avais dû quitté la tente à un moment donné car prit d’une quinte de toux. Mes camarades méritaient de dormir. On s’en sortait pas trop mal côté équipes, on avait jamais été amis les uns les autres mais personnellement je n’avais rien contre aucun d’eux. Et ces plusieurs jours m’avaient permis d’apprendre à les connaitre et à les apprécier. A moitié endormi sur sa main soutenant sa joue, Isaac n’avait même pas le courage de se servir à manger. L’expert en bombe en tout genre avait bien moins d’énergie. Il se conservait pour l’épreuve qui allait les attendait, car elle n’allait pas tarder à tomber. Deux jours de repos c’était énorme même s’ils ne m’avaient pas reposé. « Oh merci ! T'es parfaite comme équipière toi ! » Un air enthousiaste exagéré mais un sourire sincère à @Briséis Avery , je me saisissais de la tasse qu’elle me tentait, buvant une gorgée du chocolat chaud censé le requinquer. Je savais qu’elle avait passé un certain temps à l’infirmerie à concocter des potions. Ca devait être ça. Je finissais ma tasse assez rapidement après avoir aperçu le feufolet nous tournant autour. « C’est parti ! » Je n’avais pas attendu plus longtemps pour me redresser. Malade ou pas je n’oubliais pas mes motivations et pourquoi j’étais si déterminé à vouloir remporter ce tournoi malgré le lot d’adversaire redoutable en face de nous.

Nos pas nous avaient menés en direction du lac que l’on pouvait apercevoir. Mais ce qui attirait le plus mon attention, c’était ces bulles flottantes équipées d’une porte. Mais qu’est ce que c’était encore que ça. Je me demandais bien ce qui allait nous attendre. Baguette à mon tour en main, prêt à affronter la moindre malédiction, j’avais suivi les pas de la serdaigle en pénétrant à mon tour dans la bulle. Étonnamment, je ne comprenais vraiment pas ce qui allait nous attendre mais je restais sur mes gardes. Même Merlin ne saurait expliqué ce qui peut traverser l’esprit du corps enseignant. Les yeux rivés sur le feufolet, je le voyais prendre les différentes couleurs représentatives de chacune des maison de l’école. Et lorsque celle-ci s’arrêtait sur le rouge, couleur des gryffondors, j’avais posé mes yeux noisettes sur @Caelius Rosenberg . Je n’y comprenais rien mais visiblement ce message concernait gryffondor. Et les interrogations de Briseis m’aidèrent à réfléchir à une supposition. « Bah justement… La première épreuve a travaillé notre travail d’équipe, peut-être que là, c’est nos compétences individuelles qui vont être testé ? » Ca paressait plausible mais je n’y mettrais pas ma main au feu. « Dans tous les cas, ça a un rapport avec gryffondor. » Je posais mon regard sur @Estrella Reed pour voir ce qu'elle pensait de tout ça.

La nuit, tout est noir et bruyant. Le vent dans les brins d’herbes. L’eau glacée de janvier qui clapote sous la glace. La respiration douce de Briséis et de Caelius. Les ronflements fiévreux d’Isaac. Le matelas qui se dégonfle à chaque fois que tu tressailles. Les pas d’unanimal curieux sorti de la forêt pour explorer les alentours de leur tente. Une harmonie de gammes feutrées qui se fondent dans la pénombre et bercent les quelques heures que les équipiers ont pour dormir. Estrella tire la petite couverture de laine rêche qui doit conserver sa température corporelle au trente-six degrés et neuf dixième requis. Si elle couvre les épaules, il n’y en a plus assez pour les orteils. Si elle emmitoufle ses pieds, c’est son cou qui prend froid. Au moins, j’ai pensé à la tuque. C’est la règle de son père, qui l’a souvent emmenée camper, à St. Agnes. Ne jamais oublier la tuque. Elle a utilisé son accio pour ça.

Le froid de janvier la pique de bord en bord. Il faudrait qu’elle remue les orteils, qu’elle couvre son nez d’une main... Pourtant, Estrella bouge le moins possible. Ses yeux fixent le toit de la tente de toile comme s’il allait devenir possible, à tout instant, de compter les étoiles sur la voûte céleste à travers le tissu. Chut. Pas un mouvement. Il ne faudrait pas perturber l’harmonie parfaite de la nuit.

Un mélange d’excitation, de curiosité, d’inconfort, la tiennent éveillée dans ce moment qui se révèle être l’un des plus mouvementés de sa vie. Un tournoi. Le quotidien chamboulé. Vingt-quatre heures sur vingt-quatre avec des presque-inconnus. Des défis logiques et magiques qui se tiennent

Au matin, la voilà qui se languit d’un instant, ne serait-ce qu’une minute, de solitude. Un bon livre au bord d’une fenêtre dans le dortoir, au chaud, avec un thé brûlant, Morgana sur l’épaule, et personne pour me déranger. Mais @Isaac M. White tousse, et il a l’air mal en point. @Briséis Avery vérifie que tout le monde ait mangé, que tout le monde va bien. Et Estrella se surprend à les découvrir sous un tout nouveau jour. Le serpentard qui montre sa faiblesse et la Serdaigle généreuse. Le choixpeau nous classe définitivement dans des boîtes trop petites pour nos âmes. Jaune. Rouge. Vert. Bleu. Ces quatres couleurs guident sa vie sociale et intellectuelle depuis bientôt sept ans. Sois généreuse. Sois loyale. Travaille fort. Et si elle avait choisi Serdaigle? Ou Gryffondor? A-t-elle vraiment moins d’ambition que le vert et argent qui se mouche face à elle? C’est la persévérance que j’ai choisi. Le chemin le moins défriché. L’adversité constante.

Et aussi la loyauté. Je ne les décevrai pas. Jaune. Rouge. Vert. Bleu. Le feu-follet change sans cesse de couleur, comme un jeu de loterie à l’arcade moldue. Estrella se laisse tomber dans un fauteuil lorsque la lumière devient définitivement rouge. Oui, Isaac a raison. c’est Gryffondor. D’un geste de la main, elle invite ses coéquipiers à la rejoindre sur le fauteuil. Parviendrai-je un jour à voir les couleurs pour autre chose qu’elles sont sur le blason de Poudlard?

Son regard cherche celui @Caelius Rosenberg. Qu’en penses-tu, Rosenberg? Son regard vacille entre la porte unique, sur le mur gris, et son collègue à la chevelure brune. Rouge. Est-ce que cela désigne la maison, ou l’individu? Est-ce qu’il y a vraiment une différence entre les deux, dans ce tournoi? Loyale. Généreuse. Travaillante. Prêt à y aller seul? Ou bien on essaie tous ensemble? Qu’est-ce que je peux faire pour t’aider?

Caelius avait passé ces derniers jours à soupirer d'exaspération - sa patience étant mise à rude épreuve à chacune des nouvelles idées du vieux sénile qui leur servait de directeur. Il était sans doute le seul Rouge et Or à ne pas acclamer ni même à crier les louanges de Dumbledore, se rangeant du côté de la majorité du corps étudiant en admettant que ce type était bel et bien cinglé et qu'il finirait par tous les tuer. Il n'y avait qu'à voir les choses étranges qu'il se passait dans cette foutue école. Le chien à trois têtes du troisième étage, par exemple !Cela ne semblait pas avoir choqué les professeurs plus que ça. C'était ce genre de réflexions qui traversaient l'esprit du Gryffondor alors qu'il était allongé là, sur ce matelas, à écouter la respiration de ces camarades d'infortune. Plusieurs longues minutes - interminables - passèrent avant que les yeux du Lion - lourds de sommeil - finissent par se fermer et que la fatigue ne prenne finalement le dessus.

Au matin, c'est le froid qui l'accueillit de nouveau, et Caelius trouva le réconfort dans son petit-déjeuner, aussi inhabituelles soient les circonstances. Un chocolat chaud avait de quoi réchauffer les coeurs en toutes occurrences, et avait au moins le don de rendre l'humeur du Lion bien moins grincheuse. Souriant à @Briséis Avery et @Estrella Reed, il  fronça quelque peu des sourcils en constatant l'état fiévreux d'@Isaac M. White, le Serpentard étant mal en point. Le Gryffondor se souciait bien plus de l'état de santé de son camarade que de ce que cela pouvait signifier pour le restant du tournoi. Un Lion se préoccupant d'un Serpent. Cela pouvait faire hausser bien des sourcils, mais Caelius s'était toujours bien mieux entendu avec ces derniers qu'avec sa propre maison de toute façon. Essaie de ne pas trop te surmener pendant le tournoi, le plus important c'est de soigner ce maudit rhume. Briséis Avery et Caelius Rosenberg : maman et papa poule de leur équipe.

C'est en suivant le regard du reste du groupe que Caelius prend conscience que la seconde épreuve à tout à voir avec lui. Ou du moins, si l'on en croyait le code couleur face à eux. Rouge. Comme pour les Gryffondor. Je partage votre avis, je pense effectivement que cela à avoir avec les maisons. Et étant le seul représentant de la maison, c'est sans doute à moi d'y aller le premier. Ils doivent sans doute vouloir évaluer nos capacités lorsque nous somme seuls, et non en équipe. Du moins, c'est ainsi qu'il comprenait les choses. Il dévisagea la seconde porte d'un oeil suspicieux, bien trop familier avec les épreuves dangereuses et complètement insensés que l'on demandait aux sorciers lors de Tournoi. Il n'y avait qu'à voir le Tournoi des Trois Sorciers. Il espérait seulement en ressortir indemne. En espérant que je n'ai pas à faire à un lutin de Cornouailles ayant contracté la rage. Levant sa baguette, prêt à agir au premier bruit ou au premier mouvement, Caelius s'avança d'un pas certain et assuré vers le mur gris. Here we go...

C'est d'un léger et sourd bang que la porte se verrouilla derrière lui, laissant le Lion à la merci d'un quelconque danger. La pénombre absolue l'entourant, Caelius agrippa sa baguette de plus belle, s'avançant d'un pas prudent et sur la défensive. Tous les sens en alerte, il finit par apercevoir le sujet de l'épreuve lui-même, et étouffa un grognement de protestation. Un filet du diable. Saloperie au nom des plus seyant. Il n'en avait plus vu depuis l'incident regrettable de quatrième année dont il préférait taire le nom. Incident fâcheux ayant bien manqué de lui faire un bras au passage. Mais soit, passons. Nonobstant son aversion absolue pour la botanique et tout ce qui s'y rapprochait de près ou de loin, Caelius se fit violence pour se souvenir de ce que le Professeur Chourave avait expliqué au sujet de ces plantes. Un cours datant déjà de quatre années en arrière, évidemment... La lumière. Ces plantes avaient une aversion toute particulière pour toute forme de luminosité, qu'elle soit légère ou intense. Il aurait du s'en douter à la minute où il avait mis les pieds dans cette pièce. Il n'eut, néanmoins, guère le temps de prononcer l'incantation qu'il se retrouva piégé entre ses racines létales. Celles-ci l'emprisonnèrent de toutes parts, entravant grandement son sens du mouvement, le privant ainsi de toute possibilité d'utiliser sa baguette. Les lianes menaçant à tout instant de lui rompre les côtes ainsi que les poumons, le Gryffondor peina à respirer et, avec le cerveau en sérieux manque d'oxygène, la panique le gagna aussitôt, instinct de survie bien trop ancrée pour la maudite plante qui resserra son emprise d'autant plus. Les mains bloquées, il inspira profondément et tenta de se détendre le plus possible, quitte à faire appel à des souvenirs agréables, oubliant le tournoi et le fait que sa cage thoracique toute entière était en feu.

EDIT Les yeux clos, la panique laissa peu à peu place au calme absolue. Les quelques racines qui l'enserraient de toutes parts relâchèrent leur emprise, laissant ansi l'oxygène regagner les poumons du Lion, qui se laissa tomber au sol plus bas. Récupérant sa baguette tombée à quelques centimètres de là, il se releva le plus prudemment possible, l'esprit et les membres encore engourdis.

Respirant à plein poumon, Caelius se releva, l'esprit encore engourdi du au manque d'oxygène quelques secondes plus tôt. Mais le sorcier était loin d'en avoir terminé. Certes, si le filet du diable était désormais derrière lui, Merlin savait quelles autres curiosités létales l'attendaient entre ces murs. Lumos. La baguette du lion s'illumina alors de ce faisceau à la fois si familier et pourtant si réconfortant. Aucun danger à l'horizon ce qui n'empêchait aucunement le Gryffondor de rester sur ses gardes. L'on était jamais trop prudent. Le coeur battant toujours autant à ses tempes, c'est d'un pas prudent qu'il s'avança sans savoir trop où. Il n'y avait , à première vue, que des murs autour de lui, sans porte à la dérobée ou quelconque endroit dissimulé duquel il aurait pu sortir. Non, absolument rien. Nada. Et après avoir refait le tour des lieux à trois reprises, force était de constater qu'il était bel et bien à cours de solutions : seul ce mur en briques semblait être son échappatoire. Mais si Caelius était doué sur un balais, l'escalade était une toute autre histoire. Faen ! Constatant avec dépit que seule une échelle à moitié rouillée (et dangereusement bancale) ou une corde allaient être ses alliées dans son ascension, le Lion regrettait ces années simplistes où un basilic ne se baladait pas dans la plomberie ou quand Dumbledore avait encore toute sa tête. S'il voulait de l'aventure, il préférait encore les épreuves du Tournoi des Trois Sorciers. Deux choix se présentaient donc à lui : imiter Tarzan ou manquer de voir l'échelle se dérober sous ses pieds. Génial. Pesant le pour et le contre, et prenant en compte ses côtes douloureuses, Caelius s'avança vers l'échelle, la fixant les yeux plissés. Suspicieux, il tenta trois marches avant de constater que cette saloperie était bien trop bancale à son goût et allait se casser la gueule avant même qu'il n'ait pu franchir le haut du mur - hors de question qu'il se rompe le cou ! Tant pis pour la prudence, il allait devoir jouer les amazones. Et au fond, c'était préférable : autant en finir le plus rapidement possible. C'est d'un geste précis et avec toute ses forces que le Gryffondor lança la corde, qui vint s'accrocher au crochet accroché au plafond sans grande difficulté. Bien, le plus simple était fait. Restait à présent l'étape la plus compliquée : parvenir au sommet. Les côtes criant au scandale, sa première tentative se solda par un échec, ses bras refusant simplement de coopérer. Grommelant à la fois de douleur et d'impatience, il prit une nouvelle et profonde inspiration, tentant le mieux possible d'oublier la douleur. Hors de question de rester coincé ici. Et c'est d'une témérité toute particulière qu'il grimpa le plus rapidement possible, reniant ses muscles endoloris. Il le regretterait bien assez tôt.

Les muscles brûlant de douleur, Caelius parvint à se hisser au sommet, pour finir par déboucher sur un couloir si bas et étroit qu'il avait du s'allonger sur le ventre et ramper jusqu'à la sortie pour éviter de se cogner la tête. Quel était l'architecte qui était venu avec une idée aussi arriéré ? Un lilliputien ? Le moindre bruit le faisant tressaillir, tel ce bruit sourd semblable à des gouttes d'eau se déversant dans une baignoire - et il regretta un instant le filet-du-diable avant de reprendre ses esprits. Au moins, aussi étroit était cet endroit, il pouvait aisément respirer. Pensée qu'il regretta tout aussi tôt en débouchant de l'autre côté et en apercevant la nouvelle épreuve. Evidemment, encore une. Pourquoi faire dans la simplicité ? Il aurait du se douter que cela n'était en point la fin. Cela aurait été trop beau pour être vrai. Dumbledore s'acharnait sur ses élèves comme un vautour sur ses proies. De l'eau. Dans un énorme récipient. Il faut plusieurs secondes au Lion avant de comprendre et de réaliser l'enjeu de la mission. Cinq personnes se trouvaient en plein centre, plantés sur des piquets. Il devait au moins l'avouer : il y avait de l'ingéniosité dans ces épreuves. Voire même un peu trop. Incrédule devant une telle scène, Caelius sentit de nouveau son palpitant s'emballer à la vue de Briséis et Theodore, mais également d'Elsie. S'il n'avait jamais vraiment adressé la parole à sa comparse Gryffondor, il n'en demeurait pas moins qu'une solidarité entre lions était belle et bien présente. Et il la sauverait au même titre que ses amis. Et tant pis pour les Poufsouffle. Et qu'on aille pas dire après qu'il fait du racisme de jaune ! Sa baguette disparue, probablement perdue dans le tunnel derrière lui (il avait vérifié, celle-ci ne se trouvait plus dans sa poche), il n'allait devoir compter que sur sa stratégie et ses muscles. Encore une fois. Après ça, il méritait bien deux heures de séance au spa, satané vieux grincheux. Mais soit. Here we go. Le lion se devait d'agir au plus vite, l'eau montant progressivement et menaçant de tout engloutir très rapidement. Agissant bien plus par instinct que par réelle réflexion, Caelius s'empara du couteau et se rua vers Theodore sans même hésiter une seule seconde. Hors de question qu'il laisse son meilleur ami au bon vouloir d'un élément capricieux et instable. Et alors qu'il le délivrant, le balançant sur son épaule au passage (c'est qu'il était lourd le gonze ! 'arrête la tarte à la mélasse mon vieux, ça te réussit pas'.), l'eau monta de plus belle, arrachant un nouveau juron à Caelius. Plus le temps de réfléchir, il fallait agir vite. Libérant Briséis avec toute la rapidité dont il était capable, il dut se faire une raison lorsque l'eau menaça de les noyer tous les trois : il n'avait malheureusement pas le temps de délivrer quelqu'un d'autre. Désolé Elsie. Portant ses deux amis sur le dos, le Lion rebroussa chemin, manquant de boire la tasse à deux reprises en chemin. Hissant avec difficulté le serpent et l'aiglonne à travers le tunnel, Caelius mit quelques minutes à reprendre son souffle avant d'emprunter une seconde fois ce maudit couloir (récupérant sa baguette au passage), deux personnes en plus à sa charge. Et cela fut loin d'être une chose aisée. Ce n'est qu'une fois de retour dans la pièce contenant le filet du diable (rebonjour saloperie) qu'il aperçut une porte, inexistante jusqu'alors. Evidemment. Bon c'est pas tout ça mais vous pesez votre pesant en abraxans vous deux là. Néanmoins, la joie fut de courte durée. Comme elle l'avait été depuis la rentrée. Caelius demeura impassible alors qu'après avoir franchi la porte, ses camarades disparurent en laissant place un vieux sac marron, impossible à ouvrir. Tout ça pour ça. Demain, il restait couché, c'était décidé.

De longues minutes défilent durant lesquelles l'aiglonne demeure silencieuse d'inquiétude. Elle a beau plisser des yeux et coller son oreille à la bulle, elle ne voit et n'entend rien de ce qui pourrait potentiellement se passer à l'extérieur. Heureusement le système de sécurité de Poudlard est réputé comme quasi infaillible car il n'y a aucun doute à avoir que s'il avait été un moment justement choisi pour s'attaquer à l'école, il aurait été celui-ci. Professeurs probablement en train de superviser les élèves partis à leur épreuve, moitié de l'école contenue dans le parc sans possibilité d'entendre ou voir quoi que ce soit. Quant à l'autre moitié Merlin seul sait où elle a bien pu être conduite. A plusieurs reprises elle croise les bras pour les décroiser aussitôt, fait quelques pas. Elle tourne en rond comme l'aigle pris au piège dans une cage trop étroite qu'elle est. « Il est parti depuis une éternité! » Laisse-t-elle échapper avec agacement et inquiétude au bout de longues minutes d'attente supplémentaire. Puis c'est la libération; le déclic de la porte, une salve d'air frais lorsque celle-ci s'ouvre à la volée et enfin le visage manqué de son gryffondor apparaît. Mais la joie est de courte durée lorsqu'elle constate en s'approchant et posant ses mains sur ses épaules sont teint blafard et ses vêtements mouillés. « Tout va bien ? Qu'est-ce qu'ils t'ont fa.... » Pas l'occasion de finir qu'elle aperçoit derrière Caelius, quelque peu en hauteur, la lumière se dérober de son rouge pour recouvrer du bleu. C'est à son tour. Malgré l'état de son camarade Briséis reste confiante et déterminée tandis qu'elle observe à nouveau le capitaine de quidditch. « Repose toi maintenant. » Lui murmure-t-elle accompagné d'un sourire bienveillant et rassuré de le voir debout et non en charpie. « A tout de suite. » Envoyé à l'adresse de la poufsouffle et du serpentard avant de ne sortir sa baguette de sa manche et franchir la porte. Un couloir doté de plusieurs portes se présente à elle où une entité magique semble vouloir la guider vers l'une d'entre elle. La paranoïa du au tournoi fait qu'elle n'ose dans un premier temps pas pousser la porte avant d'avoir tout étudié en détail afin d'être certaine qu'il ne s'agit pas du mauvais choix. Toutes les autres étant verrouillées elle se décide enfin à entrer pour finalement se trouver face à un dilemme : puzzle ou casse-tête ? L'un demande davantage de vitesse et d'observation tandis que l'autre, la réflexion. Autrement dit la facilité ou le brassage cérébral. Il ne lui faut pas plus d'une minute pour retrousser ses manches, ranger sa baguette et se diriger vers le casse-tête; car pour elle une victoire n'en serait jamais vraiment une en choisissant la solution de facilité. Elle veut faire ses preuves, quand bien même elle ne saurait pas quoi demander au directeur Dumbledore si son équipe venait à gagner le tournoi. Dans un premier temps elle observe la forme géométrique sous plusieurs angles afin d'en avoir une représentation globale au sein de son esprit puis commence à imaginer les différentes possibilités. « Si je tourne ça d'un cran vers la gauche et ça, d'un demi vers la droite ça me libérera ce côté... » Lorsqu'elle pense avoir trouvé la solution elle s'attaque à la figure et commence à manier les pièces dans l'espoir que ce soit la bonne. edit: sans grande surprise - mais quelque peu déçue que cela ait été si simple - la forme se déverrouille et lui ouvre le passage jusqu'au piédestal où lévite un sac comme celui que Caeilus avait à sa disposition à son retour. Ils sont donc deux à avoir réussi leurs épreuves pour le moment et, sans savoir ce qu'il en est des autres équipes, l'aiglonne commence doucement à croire qu'ils pourraient y arriver. Elle le saisit puis emprunte la porte par laquelle elle est arrivée sans demander son reste, arrivant cependant non pas dans le couloir mais directement dans la pièce avec ses camarades. Elle a l'impression de ne pas être partie depuis plus de dix voire quinze minutes mais peut-être se trompe-t-elle. « L'épreuve était si facile que je soupçonne Rusard d'avoir pu y arriver. » Lance-t-elle quelque peu vexée d'avoir été confrontée à quelque chose d'aussi simple alors que Caelius a eu l'air d'être parti en croisades. « Ton tour est arrivé je crois. » Finit-elle en s'adressant à Estrella tandis que la lumière s'éclaire de jaune et qu'elle dépose son sac au pied de l'un des divans. « Bonne chance ! »

Appréhension. Anxiété. Mains moites. Silence. Lorsque Briséis les quitte, les dernières bribes de quiétude, d’assurance qu’il leur restait, semblent partir avec elle. Estrella pense : Elle est toujours fonceuse, et elle ne laisse rien paraître de ce qui l’affecte. Pas comme elle. Toi, tu n’es pas de marbre. Si on devait t’assigner un cliché, ce serait plutôt « les émotions à fleur de peau » ou « le coeur en girouette ». Tant pis. Ils ne s’échangent pas vraiment de paroles pendant que Briséis affronte son épreuve. Ils redeviennent ce qu’ils sont à l’extérieur de cette pièce : de purs étrangers, des gens qui ne se doivent rien. Estrella se demande ce que pourrait sembler être cette pièce pour un inconnu qui y entrerait à ce moment précis : salle d’attente, vestiaire, hall d’entrée d’un hôtel sans nom?

À peine entrée, voilà @Briséis Avery qui ressort. Elle n’a, en effet, été partie que quelques minutes. Solennellement, Estrella se lève et lisse la jupe de son uniforme de ses mains. Déglutition. Hochement de tête. Avec l’élastique autour de son poignet, elle attache ses cheveux d’une main raide et maladroite. Ses yeux ne lâchent pas la porte, derrière laquelle vient de disparaître l’orbe jaune. La couleur lui rappelle l’éclat du soleil chaud sur la neige, qui les attend juste derrière les murs du huis clos. Helga de Poufsouffle était loyale et travaillante, lumineuse comme le soleil. Après avoir donné une accolade silencieuse à Briséis, puis salué les deux garçons, Estrella se lance. Elle tourne la poignée, pénètre dans la pièce, referme rapidement la porte derrière elle et s’y appuie. Le bruit des verrous, étrangement, ne lui fait pas peur. C’est donc cela, l’appel du vide.

Ses yeux n’ont pas le temps de s’habituer à la noirceur — tout de suite, ils captent le halo des globes qui flottent et meublent l’espace autour d’elle. Il y a un marchand d’orbes, quelque part, que Poudlard a définitivement rendu riche cette année, pense Estrella, s’avançant vers celui qui se trouve le plus près. Elle a une exclamation étouffée lorsque, émerveillée, elle s’y reconnaît. Petite. Pâle. Constellée de taches de rousseur. Les yeux grands comme tous ces orbes qui l’entourent. McGonnagall dépose le Choixpeau sur sa tête. Elle sent les yeux de Dumbledore dans son dos. Le vieil artéfact magique et puant crie : Poufsouffle! Les Estrella, la petite dans le globe-souvenir et la grande qui observe, ont les larmes aux yeux. as-tu déjà su comment cacher tes émotions? Te l’a-t-on appris à la petite école? Elle se précipite sur le deuxième globe, curieuse et impatiente de voir ce qu’il lui réserve. Celui-ci montre un après-midi tranquille avec Aron, en cinquième année. Estrella voudrait serrer le globe dans ses bras, l’embrasser tendrement, le manger au complet pour qu’il vive toujours en-dedans d’elle. Un autre globe lui montre les Halloweens où elle et Diane Wind se sont maquillées l’une l’autre, leurs mouvements se faisant miroir. Puis, c’est son presque-amour avec Alek ; ses petits accrocs avec Romy ; la fois où elle a fait gagner trente points en un cours avec le professeur Sinistra ; des yeux foncés et dansants et rieurs et chauds comme le ventre d’un chat ; sa rupture avec Aron ; Noël à Poudlard ; le printemps à Poudlard ; l’annonce du tournoi ; la rencontre de Briséis, d’Isaac, de Caelius ; la première nuit dans la tente, le silence étourdissant, le froid mordant, le nez gelé et les yeux grands ouverts. Bons comme mauvais, Estrella accueille tous les souvenirs avec le même amour, la même paix intérieure. Ils font tous partie de moi. C’est quoi, au juste, l’épreuve? Il n’y a plus qu’un orbe qu’elle n’a pas consulté. Celui-là brille d’une lumière différente. Plus Estrella s’en approche, plus une boule se forme au fond de son ventre. Une boule de forme bizarre et déconcertante. Une boule en forme de doute. Et s’il fallait qu’un inconnu entre dans cette pièce avec elle, à ce moment précis, que verrait-il? La vie normale et compliquée à la fois d’une petite fille de dix-sept ans, ou celle d’une adolescente insipide, beaucoup trop prompte à se pardonner elle-même, sans se soucier du dommage que cela cause autour d’elle?

Le doute prend de l’ampleur alors qu’elle assiste à la scène du dernier globe. Est-ce possible? Je n’ai jamais vécu cette scène. Au fond, peut-être qu’elle l’a toujours su. Ils n’attendaient que ça. Qu’elle parte, pour pouvoir profiter pleinement. Mais tous les autres souvenirs, pense Estrella à voix haute, ce sont bien les miens. Je le sais. J’oublie jamais rien, même si j’ai parfois du mal à me souvenir.

Est-ce que c’est un piège? Cette dernière pensée, Estrella la garde pour elle, confinée au plus profond de son âme. Quelque chose ne tourne pas rond. La suite mathématique, l’équation, est brisée. Tout cela à cause de cette orbe, cette scène à laquelle elle ne croit qu’à moitié — moitié qui, pourtant, pèse beaucoup plus lourd, émotivement, que celle qui est convaincue que ce ne peut être vrai. De toutes façons, Estrella n’a pas le temps de se torturer avec ça : une porte, sur le mur opposé à celle qu’elle a traversé pour arriver ici, s’ouvre en grinçant. Elle reserre sa couette, craque ses doigts, prend une grande inspiration. Au seuil de la porte, ce qui était une boule de doute au fond de son estomac a éclos, est devenu un monstre anxieux qui lui griffe la gorge et les jambes et les bras. Que verrait l’inconnu qui la suit depuis le début, s’il était dans son ombre? Une vraie Poufsouffle, loyale et sensible et tenace, prête à plonger dans l’inconnu coute que coute? Ou une adolescente, une fille, une enfant minuscule, en train de se laisser gagner peu à peu par la peur?

Le dernier souvenir est faux. Elle se rattache comme à une bouée de sauvetage. Pour se donner le courage nécessaire de passer à travers la porte qui l’attend comme une bouche béante, Estrella répète, entre ses dents : J’oublie jamais rien, même si j’ai parfois du mal à me souvenir.

Loyauté, qu'est-ce que ça veut dire ? Vaudrait-il mieux  se taire, passer la porte, rejoindre les autres, leur expliquer l'épreuve et en rire avec eux ? Briséis, Isaac, Caelius. Ils ne sont ses amis que depuis très peu de temps — et encore, amis est un grand mot. Que seront-ils pour elle après ce tournoi ? Si ça se trouve, ils se retrouveront pour manger une poule sans moi, et riront bien de ce qu'a fait la pauvre Reed dans son épreuve, pense Estrella, observant les trois visages qui ne peuvent la voir ou l'entendre. Ouais, cette vision a tout d'un futur potentiel. Pas d'un passé. Tous ses moments de déloyauté lui reviennent en tête : les mensonges, les médisances, les attaques, toutes les fois où elle a, de bon cœur, vilipendé... Est-ce que je suis à ma place dans la maison d'Helga ? C'est une question qu'Estrella se pose depuis le premier jour. Ambitieuse, elle l'est. Courageuse, elle l'est. Érudite, elle l'est. Mais franche, et travaillante, et loyale ? La loyauté, Estrella le sait, est proche de la droiture, de la rectitude, de l'honnêteté de l'âme.

Elle se tient devant le poussin et la potion, trop proches l'un de l'autre pour être indissociables ; elle chambranle et tangue, debout à mi-chemin entre ses compagnons et le professeur Hagrid, qui mouille sa barbe de larmes. Estrella se tourne pour observer la porte derrière elle, celle qui la sépare des centaines d'orbes qu'elle a, un instant auparavant, découvert avec tant de bonheur. Poudlard est ma maison, se souvient-elle, et alors, l'endroit où repose sa loyauté devient très clair. Elle ramasse le poussin au fond d'une main et le cale entre sa joue en son cou, où elle poserait normalement Morgana, sa grenouille noire. Ensuite, elle débouche la fiole et avale le véritaserum d'une traite. Elle se jette à droite, traversant de tout son corps la membrane transparente qui la sépare du garde-chasse de Poudlard. Celui qui a le cœur assez vaste et solide pour les aimer tous. Celui qui est l'âme du château, l'âme de leur demeure. Estrella s'agenouille doucement à ses côtés, pose le poussin sur les genoux du professeur Hagrid. Elle enveloppe ensuite une des  mains géantes dans les siennes — Estrella est grande, très grande même, pour son âge, mais à ses côtés, elle se sent toute petite. Même gamine. Les larmes lui montent aux yeux, résultat de la fatigue, du véritaserum, du poids émotionnel du sortilège qui rassemble l'équipe 8 ensemble et leur pèse à tous sur les épaules, de l'épreuve... La voix d'Estrella grelotte, et les paroles lui sortent directement du cœur. Veritaserum ou pas, elle aurait fait la même chose. La loyauté et le dévouement, reste à voir. Mais la franchise, ça, je l'ai au fond de moi. Elle n'en a jamais douté.

« Professeur, sanglotte-t-elle, ils avaient très faim... Il ne faut pas leur en vouloir, vous savez. S'ils avaient su ce que cela vous ferait, ils n'auraient jamais... Regardez, je vous ai amené un poussin. J'aurais fait la même chose. J'aurais fait la même chose. Pardonnez-les, je vous prie... Pardonnez-moi... »

La vérité suffira-t-elle à le consoler ? Estrella n'en est pas convaincue : elle, elle n'est consolée que par très peu de vérités. Une fois qu'elle a fini de parler, par contre, elle sent dans ses tripes qu'elle ne pourrait rien faire de plus pour lui. Sa tristesse lui appartient. La loyauté, c'est aussi de défendre coûte que coûte les choix impossibles à défendre de ceux auprès de qui on s'est engagé. Essuyant ses larmes, Estrella agrippe le tissu du sac qui vient de se matérialiser à ses pieds. Une joie envahissante nait dans son ventre — celle de n'avoir trahi personne. Le sac sous le bras, Estrella quitte le professeur et traverse la porte derrière lui, faisant bien attention de ne pas le toucher. Elle hésite un moment avant de tourner la poignée. Auront-ils mangé le poulet ?

Les yeux gonflés et les joues rouges, Estrella retrouve l'équipe 8 — @Isaac M. White, @Briséis Avery, @Caelius Rosenberg. Un peu déboussolée, elle s'assoit à côté d'eux. Elle tente de déceler dans l'air une odeur de poule, ou de voir, camouflée derrière un fauteuil, les os dégoûtants d'une volaille. Dans la première pièce, j'étais convaincue que cette vision était une invention..., songe Estrella, mais n'empêche. Même si les larmes du professeur H. étaient fausses, elles m'ont quand même traversé le corps, comme autant de petits poignards. Maintenant... comment détendre la situation et se renseigner en même temps ? Estrella frotte ses yeux et rigole un coup. Petit gloussement triste et fatigué. Elle laisse tomber à ses pieds le sac brun, fermé par un ruban blanc.

« Avez-vous faim ? demande-t-elle. Moi, je regrette sincèrement de ne pas avoir pris la deuxième portion de porridge, au petit déjeuner. »

Je m’étais rapidement installé sur l’un des fauteuils après le départ de Caelius pour sa propre épreuve. Je ne m’étais pas inquiété pour lui, j’avais foi en ses compétences et sous ses airs démotivés je savais qu’il ferait tout ce qu’il pouvait pour au moins réussir cette épreuve. Seulement son absence commençait à tarder dans le temps et je n’avais pu, après ces deux dernières nuits à cracher mes poumons, m’empêcher de m’assoupir. Je n’avais réouvert les yeux qu’au retour du gryffondor, un sac entre les mains, visiblement trempé et tout de même essoufflée. Briseis fut la suivante, je n’avais pu m’empêcher de lui glisser un « fais attention à toi. » Parce que je l’appréciais bien Briseis. Son absence à elle ne dura qu’une dizaine de minutes tout au plus, avant de la voir revenir victorieuse, son propre sac entre les mains, une mine blasée sur le visage. Je pouvais la comprendre, j’espérais aussi affronter une véritable épreuve et pas un obstacle que le moindre première année pourrait franchir sans aucune difficulté. « Tu t’en tires bien. » Estrella partait et une nouvelle fois, j’adressais un message d’encouragement à mon équipière Poufsouffle. Je priais au fond de moi qu’elle affronte une épreuve du même genre que Briseis, mais là où là Serdaigle avait dû se servir de ses méninges, je doutais que la jaune et noir doivent en faire autant. De nombreuses minutes s’écoulaient à nouveau pour finalement la voir revenir, les yeux embués de larmes. Pourtant, forte comme elle était j’avais bien compris qu’elle ne souhaitait pas en parler et qu’elle essayait de changer de sujet. De toute façon, je n’avais pas le temps de m’attarder sur son état que l’orbe passait du jaune au vert. C’était à mon tour d’y aller.

« Allez je me sens en pleine forme ! Merci pour ta potion Bri ! » Un grand sourire sur le visage, j’affichais une motivation exagérée pour ne pas montrer ma fatigue aux autres. Sa potion revigorante m’avait vraiment aidé et avait eut le temps de faire son effet. Je ressentais moins l’état de faiblesse dans mes membres. Je comptais tout donner dans cette épreuve mettant sans aucun doute à rude épreuve ma ruse, mon ambition et ma fierté. Une fois la porte franchie, je m’étais retrouvé dans une pièce circulaire et sombre ne laissant filtrer qu’une faible lumière s’échappant de l’une des cinq portes me faisant face.  Je commençais déjà à me questionner sur la suite de mon épreuve que j’avais vu Théodore sortir de son épreuve résolue. « Theo ? » Je ne pouvais m’empêcher d’afficher ma surprise. Il venait lui aussi de finir son épreuve. J’entendais déjà des acclamations d’autres équipes à l’extérieur. Sans la moindre réponse je l’avais vu franchir sa porte comme s’il ne m’avait pas entendu. Tout s’était passé si vite, il n’avait même pas du me voir.

Quelques pas de plus effectué au centre de la salle, j’avais observé les portes face à moi. Celle qu’il venait de franchir devait sans doute être la porte de sortie. Malgré tout, je jetais un coup d’œil sur la longue table en bois parsemé de pots de plantes. Des mandragores visiblement. « Génial… » Heureusement pour moi, la botanique est l’une des matières que je maitrises le mieux, grand amateur de nature que je suis. Je n’étais sans doute pas un expert comme le fameux Gideon dont me parlait toujours Jakob des soirées entières, mais j’allais sans aucun doute pouvoir m’occuper de cette plante que l’on étudie en deuxième année. Malgré tout je ne saisissais pas tout de suite le but de celle-ci. J’ai pensé l’espace d’un instant à quitter l’épreuve en prenant la bonne porte, celle qu’avait prit Theodore mais presque immédiatement cette idée m’avait rebuté. J’avais envie de remporter ce tournoi de toute mes forces, pourtant je n’allais pas prendre cette solution de facilité. Comment pourrais-je regarder mes camarades en face en ayant triché. J’étais bien trop fier pour prendre la solution de facilité, cette épreuve j’allais l’affronter de A à Z.

Petit à petit j’avais compris que les pots de plantes allaient avoir un rapport avec l’un des mots affichés au-dessus des portes de salle. J’allais sans doute devoir déterrer ces mandragores pour en avoir le cœur net. J’inspirais profondément en m’approchant des équipements. Je frottais une dernière fois mes yeux épuisés, avant de m’équiper des cache-oreilles ainsi que des gants en cuir de dragons. Et je commençais à soulever pot à après pots les mandragores dénichant à chaque fois un morceau de parchemins.

Je dois bien avouer que cette épreuve ne me posait pas vraiment de soucis. Assez rapidement, j’avais accumulé déjà neuf parchemins sur les treize pots. Il ne m’en restait plus que quatre si j’avais bien compris, puis reconstitué la fameuse question et en trouver la réponse. J’essayais de ne pas me déconcentrer. J’étais un garçon espiègle qui ne prenait que peu de chose au sérieux, mais ce n’était pas le cas de ce tournoi dans lequel je me donnais à cent pourcent depuis la toute première tâche des sacs. Je restais concentré sur ces pauvres mandragores que je déterrais pour les replanter aussitôt. Leur hurlement parvenait malgré tout jusqu’à mes oreilles mais de manière bien moins agressive que si je n’étais pas protégé. Je continuais malgré tout à m’occuper des autres plantes, maintenant ma prise autour d’elles lorsqu’elle tentait de se débattre. Rien qu’avec ce que j’avais trouvé, l’ordre de certaines parties me paraissait clair. Mais je tentais du mieux que je pouvais de ne pas me distraire afin d’être le plus rapide possible dans la récolte de plante.  Lorsque je réalisais l’effort que j’infligeais à mes bras, je remerciais intérieurement Briseis de m’avoir concocté cette potion.  L 'épreuve semblait bien avancé.

J'avais maintenant en ma possession les treize morceaux de parchemins.