Le silence flotte dans l’air, seulement interrompu par le bruit feutré des pages qui se tournent et des plumes qui frottent le parchemin. Quelques soupirs, des mots murmurés délicatement du bout des lèvres. Ophelia savoure ce calme dont elle a été privée pendant deux semaines, suite à son altercation bruyante avec un certain lion. Ca ne lui était jamais arrivé auparavant, de se faire violement remonter par madame Pince. Cette dernière l’observe du coin de l’œil, dans l’attente d’un nouvel éclat de voix à réprimander. L’aiglonne détourne rapidement les yeux, outrée d’avoir été rajoutée à la liste des élèves à surveiller de la bibliothécaire. La voilà qui lutte pour ne pas se tourner en direction de Caelius, installé quelques tables plus loin, pour lui assener un regard incendiaire. A la place, la jeune fille décide de se concentrer sagement sur son devoir de soins aux créatures magiques.

Soudain, des explosions de plus en plus bruyantes se font entendre dans le couloir, comme si elles se rapprochaient. La bleu et bronze relève la tête avec curiosité, légèrement agacée d’avoir été dérangée. Puis rapidement, les portes s’ouvrent sur le chaos. Le fantôme farceur entre sans frapper, déployant tout son talent pour semer la pagaille. Son rire d’otarie raisonne dans la pièce alors qu’il survole la bibliothèque, voguant malicieusement dans les airs en libérant deux cages de lutins de cornouailles. Ces derniers envahissent rapidement les lieux, saccageant tout ce qui se trouve sur leur passage. Quelques-uns de ses camarades courent vers la sortie et réussissent à s’enfuir. Alors qu’elle allait faire de même, Ophelia se retrouve assiégée par une dizaine de créatures bleues qui s’entraident pour la tirer dans les airs. Prise de panique en voyant ses pieds quitter le sol, l’aiglonne pousse un hurlement strident, mais ce n’est rien comparé à la colère qui l’envahie lorsque l’un des lutins réduit en miettes le devoir qu’elle était sur le point de terminer. Telle une drama queen, la voilà qui gesticule dans les airs en insultant la bestiole vicieuse qui vient de déchirer ses précieux parchemins. Soumise au bon vouloir des lutins, la brune survole plusieurs tables et étagères en se demandant s’ils vont finir par la faire redescendre ou bien décider de l’accrocher quelque part comme une vulgaire guirlande. C’est l’anarchie partout dans la pièce, des échelles renversées, des pots de peinture qui volent, des livres qui assomment les élèves. Le front d’Ophelia se froisse d’inquiétude lorsqu’elle aperçoit Cael au loin, aplati comme une crêpe sur le sol. A peine remise de cette image, l’aiglonne fait une chute de plusieurs mètres, brutalement abandonnée par les créatures démoniaques.  Son cri se fait tout aussi strident que le premier tandis qu’elle observe avec effroi que le sol se rapproche de plus en plus. L’aiglonne termine sa chute les mains plaquées sur les yeux, terrifiée.

La réception se fait plus douce que prévue. Retenue de justesse par deux bras inconnus, Ophelia reprend son souffle, soulagée, bien qu’une douleur vive à la cheville lui arrache un gémissement. La première chose qui attire son regard, c’est le visage de son sauveur, dégoulinant de peinture jaune canari. Liquide qui s’est joyeusement répandu sur les vêtements de la bleu et bronze pendant l’étreinte. Elle lui offre un regard empli de gratitude tandis que les yeux du poufsouffle la dévisagent étrangement, comme s’il fixait un point aléatoire, comme s’il était dans la lune. La jeune fille n’a pas le temps de s’attarder sur ce détail.  Alors qu’elle se détache doucement du brun, elle est rappelée par la douleur qui brûle sa cheville. Une voix connue fait écho aux paroles du blaireau. Dean. « Ca va. » qu’elle lâche en fronçant le nez, avec ce même air qu’ont les enfants qui goûtent pour la première fois au citron. « Je crois que ma cheville est cassée. Maudites bestioles. » rage-t-elle en se tâtant le pied du bout des doigts. Le prochain match de Quidditch risque d’être compromis, sauf si Madame Pomfresh fait des miracles. A l’entente de l’exclamation de son camarade au prénom inconnu, l’aiglonne sourie amèrement. « Dumbledore devrait vraiment exclure ce fantôme du château. » Le ton agacé de sa voix fait echo à de récents souvenirs dans lesquels Peeves l’avait enfermée en bonne compagnie dans un placard. Abrités derrière une table, les trois collégiens sont maigrement protégés de l’assaut des petits monstres bleus. Ça ne va pas durer bien longtemps, il faut qu’ils agissent. C’est aussi ce qu’à l’air de penser Dean, qui demande s’ils se souviennent de sortilèges efficaces en cas d’attaque de lutins enragés. Ophelia se masse la tempe, comme si ça allait l’aider à réfléchir plus vite. Les maléfices sont les bienvenus étant donné qu’elle n’est pas en capacité de se déplacer. « Attention ! » qu’elle hurle soudainement. Un lutin qui s’est faufilé derrière leur planque saute sur Dean et lui tire l’oreille droite, essayant de l’attirer hors de leur cachette. La brune sort vivement sa baguette de sa poche et la pointe en direction de la créature. « Impedimento ! » s’écrie-t-elle, espérant ralentir le petit démon bleu.

HRP a écrit:

Pair : le sort est réussi et le lutin est ralenti dans son action, ce qui permet à Dean de l’écarter d’un puissant coup de manuel scolaire.
Impair : la langue d’Ophelia a ripé en prononçant l’intitulé du sort. Au lieu de ralentir, le corps du lutin se recouvre peu à peu de longs poils violets et il continue de s’acharner sur l’oreille de Dean.

Cael ne pensait pas remettre les pieds à la bibliothèque de sitôt, ces récents souvenirs du lieu étant des plus douloureux et désastreux. Ophelia, lui prenant la tête pour une raison des plus obscures, les mots et les hurlements fusant, frôlant l'hystérie. Pour se terminer par un renvoi de la bibliothèque de deux semaines. Le lion se moquait bien d'un tel renvoi, seul le froid et le fossé que cela avait causé entre lui et l'aiglonne importait à ses yeux. L'incident de la bibliothèque n'avait été que les prémices d'un chaos bien plus grand encore, une succession de mésaventures et de péripéties qu'il n'était pas certain d'avoir mérité. Avait-il, d'une manière ou d'une autre, enragé une divinité quelconque durant ces dernières semaines ? Sans doute. Sinon quoi, cela signifierait qu'une malchance néfaste et irrémédiable lui était destiné. Aucune des deux perspectives n'étaient pour l'enchanter. Mais le lion bravait de nouveau les lieux, sous le regard agacé et suspicieux de la patronne des lieux, Madame Pince, qui, tel un dragon, veillait à faire régner l'ordre dans son antre. Cael ne lui accorda pas un seul regard, s'isolant dans un coin de la bibliothèque, cherchant le réconfort du silence et de la tranquillité d'esprit dont il avait cruellement besoin. Un léger coup d'oeil en biais lui indiqua la présence d'une aiglonne en particulier, qu'il fit mine de ne pas voir, bien trop concentré par son devoir de potions, les propriétés du veritaserum et ses aléas sur le long terme. La vérité étant qu'il ne parvenait aucunement à écrire une seule phrase cohérente. Le lion, toutefois, n'eut pas le temps de se morfondre sur son devoir, une voix si particulière, et pourtant tristement reconnaissable, se faisant entendre de tous et perturbant la quiétude des lieux. Têtes d'ampoules. Peeves, l'esprit frappeur le plus créatif (et le plus casse-pied, également) de tous, surgit de Merlin ne savait trop où, promettant aux dites têtes d'ampoules un sort bien trop explosif pour qu'ils en gardent un bon souvenir. Cinq minutes plus tard et ce fut la panique, des lutins de cornouailles envahissant le moindre recoin de la bibliothèque, s'attaquant aux premiers élèves ayant le malheur de se trouver sur leur passage. Ses bestioles étaient pires que les plantes grimpantes à la Desmona. Kuktryne ! Caelius en avait plus qu'assez des idioties de Peeves, le souvenir du placard étant toujours bien ancré dans son esprit. Un peu plus loin, Hope, sa cousine, était aux prises avec un des maudits démons bleus, défendant becs et ongles sa baguette qu'ils n'étaient que bien trop heureux de vouloir lui dérober. Cael ne se fit pas prier pour aller l'aider, esquivant deux ou trois lutins dans la pagaille. Mais à peine fut-il arrivé à la hauteur de la Serpentard, qu'un choc violent l'assomma en plein derrière la tête, le faisant s'effondrer au sol - comme si les lutins, vexés d'avoir été ainsi maltraités, cherchaient à venger leurs camarades. La dernière chose qu'il vit fut Ophelia, voltigeant dans les airs, portée par deux lutins, telle une marionnette.

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Il ignorait depuis combien de temps exactement il avait été inconscient, revenant peu à peu à lui, un mal de tête particulièrement menaçant de le faire de nouveau sombrer dans les bras de Morphée. Clignant des yeux plusieurs fois, la première chose qu'il constata était qu'il n'était plus au même endroit qu'auparavant, caché derrière une section dans lequel il n'avait jamais mis les pieds auparavant. Confessions nocturnes avec un centaure champion de tennis. Non, vraiment, il n'avait jamais mis les pieds dans cette partie là de la bibliothèque. La panique était toujours bien présente, à en juger par les bruits de casse et les cris incompréhensibles des élèves encore piégés autour de lui. Le lion n'avait donc pas été inconscient si longtemps que ça. Il pouvait apercevoir Hope, un peu plus loin, faisant des strikes avec les lutins, les assommant telle un professionnelle du bowling à l'aide de livres. La seconde chose qu'il réalisa était son accoutrement, des plus ridicules, et des plus insensés. Oh, si jamais il tombait sur Peeves, celui-ci allait regretter le jour où il était mort. Caelius était tout simplement mortifié par son apparence, son uniforme de sorcier ayant laissé place à... une tenue plus que légère, surtout au vue de la météo actuelle. De par ses cours à domicile et ses connaissances de la culture et de l'histoire moldue, le lion en déduisit plutôt amèrement qu'il était vêtu tel les premiers hommes, à la préhistoire. Sa baguette ayant laissé place à un gourdin bien loin d'être esthétique ou utile, surtout en l'occurrence. Mais soit, Peeves voulait jouer, Cael n'allait pas rentrer dans son jeu aussi facilement. Se relevant bien plus difficilement qu'il ne l'aurait voulu, il s'empara de son gourdin -regrettant l'absence de sa chère et tendre baguette magique- prévoyant lui aussi de faire des strikes mémorables avec des lutins de cornouailles. Champion toute catégorie. Les diablotins bleu électrique vinrent de nouveau lui tourner autour, émettant des ricanements digne d'un gargouillement. Cael dégaina son gourdin telle une batte de baseball et les envoya s'écraser contre le mur adjacent, arrachant un piaillement indigné à l'une des créatures. C'est ça, piaille ! Saloperie. Il n'avait certainement rien de très viril ni même de très glamour ainsi vêtu en peau de léopard, et même si sa dignité en avait pris un sacré coup, au moins sa chevelure avait été épargnée. Et faute de baguette, un gourdin n'était sans doute pas la pire des armes quand il s'agissait de terrasser une invasion de lutins velus et bleus. Ce qui l'intéressait, pour le moment, toutefois, c'était de savoir si Ophelia n'était pas blessée, la vision d'elle tirée dans les airs par les oreilles lui arrachant une grimace, mais également un fou rire. Néanmoins, les petits diables ne comptaient pas s'arrêter, oh non, ça aurait été trop beau. Une armée de lutins l'encerclèrent, comme pour mieux l'empêcher de rejoindre le reste des élèves.

PAIR. Caelius parvint à assommer chaque lutin d'un coup de gourdin (tel Steve et sa magnifique batte) un à un, les réduisant à l'état de larves immobiles. Fier de sa victoire, il rejoignit le reste des élèves, prêt à en découdre avec les derniers diablotins bleus.
IMPAIR. Caelius se retrouva très vite encerclé, les lutins étant bien trop nombreux pour qu'il parvienne à tous les étourdir. Ceux-ci, dans un élan d'euphorie malicieuse, ensorcelèrent son gourdin, qui se retourna contre son propriétaire. En outre, malheur, il constata qu'il ne pouvait plus parler, des grognements s'échappant de ses lippes pour toute tentatives de communication, désormais incompréhensibles.